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La science des violons

 

Les outils du luthier  

Des outils pour un savoir-faire particulier

Les luthiers ont des outils communs à tous les artisans qui travaillent le bois comme des gouges, des rabots, etc. Mais ils disposent aussi d'outils propres. Généralement, les luthiers fabriquent des violons, des violoncelles, etc. A chaque instrument correspond une taille d'outils. Les outils utilisés pour faire une contrebasse sont les mêmes que pour un violon, seulement ils sont bien plus grands en taille. Etre luthier, c'est, en premier lieu, posséder cet immense savoir-faire technique. Ces compétences sont également nécessaires pour le dessin des plans.

 

Mais ce métier ne se "limite" pas à une technique. Il requiert également un réel talent artistique et scientifique.

 

 

 

En haut : Gouges de différentes tailles. En bas à gauche : rabots. En bas à droite : outils servant à maintenir le collage des éclisses. Photo © L'Internaute magazine / Julie Crédou
 

La chimie des vernis

 
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Sublimer le bois et le son

Comme nous l'avons vu, la construction du violon demande de solides connaissances en mathématiques ainsi qu'en acoustique. En effet, sans comprendre la physique des vibrations, le luthier ne peut mettre au point cet instrument composite. De plus, c'est parce qu'ils connaissent très bien ce phénomène physique que les luthiers recherchent constamment un son meilleur pour leurs instruments. Mais cette quête absolue force les luthiers à se transformer aussi en petits chimistes.

 

Le violon brut va recevoir une couche protectrice qui va traiter le bois. Ensuite, plusieurs couches de vernis, plus ou moins fines, vont être appliquées. Le vernis est là pour faire se refléter la lumière sur le bois. On ne teint jamais directement le bois, mais seulement le vernis. Il en existe différents types, à base d'alcool, d'huile ou d'essences. Tous ont leurs qualités et leurs défauts. Le vernis du violon est souvent tenu pour responsable de conférer un meilleur son à l'instrument lorsqu'il est bon. Or un très bon vernis n'a jamais rendu extraordinaire un mauvais violon.

 

 

 

 

 

Les différents ingrédients testés ou utilisé pour le vernis.  En bas Le vernis disparait avec les années, la teinte naturelle du bois toujours protégée redevient visible. Photo © L'Internaute magazine / Julie Crédo
 

A la recherche des vernis perdus

 

La science dans une impasse

Personne aujourd'hui n'arrive à recréer les sons des violons d'Antonio Stradivari. Luthiers et scientifiques sont dans une impasse. La science de l'acoustique ne parvient pas à percer ce secret, peut-être y a-t-il trop de paramètres à prendre en compte ? Volumes, dimensions, épaisseurs des cordes, conformation des archets, etc.

La question des vernis du maître italien passionne. En effet, la science grâce aux méthodes d'analyses élémentaires peut les retrouver tous mais cela ne suffit pas. Dans quel ordre a-t-il appliqué ses ingrédients ? En combien de couches ? De quelle épaisseur ? La question reste posée et c'est pourquoi de nombreux luthiers expérimentent sans cesse de nouveaux produits : épices, résines naturelles, plantes, fluides corporels, etc. tout est recherché ! Rappelons d'ailleurs que les composants utilisés par le célèbre maître sont obligatoirement naturels car au XVII-XVIIIe siècles, les produits industriels n'existaient pas.

 

Tels des alchimistes, les luthiers préservent leurs secrets et poursuivent un but peut-être inaccessible : trouver le son absolu.

 

 

 

En haut : vernis quasi disparu. En bas : un archet  démonté. L'archet est l'instrument qui permet de faire vibrer les cordes. Photo © L'Internaute magazine / Julie Crédou
 

La science des violons

 

Les luthiers... Des scientifiques

Les luthiers sont les artisans, souvent même les artistes, qui fabriquent les instruments de musique à cordes. C'est à eux donc que l'on doit la création des violons, violons alto, violoncelles, contrebasses, guitares, violes de gambe, etc. S'ils ne bénéficient pas publiquement de cette qualité, les luthiers sont aussi de bons scientifiques. Dessins techniques, volumes, acoustique, vibrations, fréquences, chimie des vernis… Leur travail quotidien est œuvre de science.

La preuve avec le luthier Siamand Ghaderi qui nous a chaleureusement ouvert les portes de "La Muse", son atelier du 18e arrondissement de Paris.

 

 

 

 

 

La fabrication d'un violon exige de très nombreuses    heures de travail. Photo © L'Internaute magazine / Julie Crédou
 

Premières étapes : Plan et gabarit

 

 

Au tout début du violon... Dessins et planches de bois

Commençons par le commencement…

La première étape de la fabrication d'un violon est le dessin du plan. Celui-ci est primordial car il détermine le résultat final. Il s'agit d'un dessin technique, grandeur réel, effectué sur papier millimétré. Toutes les dimensions notées seront les dimensions réelles du violon.

A partir de ce plan, le luthier va créer un gabarit, en acier ou en bois, pour les différentes parties qui composent le violon, à savoir : le fond (partie inférieure), la table d'harmonie (la partie supérieure) et le manche. Ce gabarit permet de reporter le plan sur une planche de bois de manière très précise car il s'agit d'un support dur. Ensuite, il "suffit" de creuser. Le luthier commence toujours par la création du fond.

 

 

 

A chaque partie son bois :
 
Fond : En érable le plus souvent
Table d'harmonie : En épicéa
Gabarit en acier de violon posé sur une planche de bois. Photo © L'Internaute magazine / Julie Crédou La touche : En ébène
Le chevalet : En très bon bois, rare et ancien, souvent un vieil érable
 

Maitriser les volumes : Mise en formes

 

Préparer la forme définitive

Ensuite le luthier va créer des moules pour que le plan et le gabarit, qui sont des éléments en deux dimensions, acquièrent un volume et donc s'inscrivent dans un espace à trois dimensions.

Précisons que les longueur, largeur et hauteur ne sont pas totalement librement décidées par le luthier. Ainsi, la longueur d'un violon s'inscrit entre 35 et 35,5 centimètres, jamais au-delà, même si le maître italien des XVII-XVIIIe siècles, Antonio Stradivari, la poussa jusqu'à 36 centimètres.

En effet, il existe de nombreux codes issus d'une tradition vieille de plusieurs siècles, les luthiers sont les fervents défenseurs de cette tradition et ne s'en écartent que très rarement. Cette liberté est souvent explorée lors de travaux expérimentaux, après de longues années d'expérience dans le métier. Car comme les scientifiques, les luthiers sont sans cesse à la recherche de perfectionnement, d'une meilleure sonorité, etc. et ces quêtes passent par l'expérimentation.

 

 

 

 

De haut en bas : Deux moules de violons en bois et mise  en formedes éclisses ("tranche" du violon) par chauffage. Photo © L'Internaute magazine / Julie Crédou
 

Le violon : un instrument composite

 

Eclisses, manche et touche

Les éclisses du violon correspondent à la "tranche du violon". Elles sont fabriquées dans un bois beaucoup plus fin que celui du fond et de la table, et obtenues par assemblage de plusieurs morceaux de bois. Leurs formes arrondies sont le résultat d'une chauffe sur un support lissant. Elles sont ensuite collées sur le fond préformé.

 

Après cette étape, le luthier va créer le manche du violon. C'est la partie qui reçoit la touche (pièce en ébène), les cordes et les chevilles (pour tendre les cordes) et qui permet le maintien ainsi que le jeu du violon. Comme le fond, il est obtenu à partir d'un gabarit en acier, puis creusé, taillé et sculpté dans un morceau de bois.

 

 

 

 

 

 

De heut en bas : éclisses posées sur le fond, manche, touche apposée sur le manche. Photo © L'Internaute magazine / Julie Crédou
 

Derniers calculs et premier résultat

Le violon brut

A cette étape il reste à fabriquer la table d'harmonie, la percer de deux "f" (les ouïes), placer l'âme et coller le tout, puis bien finir le fond. La table n'est pas complètement plate, elle est légèrement bombée. On veille toujours à ce que ses mesures soient régulières. Pour cela, le luthier dispose de bons outils de mesure. Puis reste à éliminer par ponçage les dernières imperfections du bois. Le violon à cette étape peut être joué. Cela constitue un bon test car le son peut être déjà bon à ce stade.

Toutes les pièces du violon :

Le fond : Partie inférieure

La table d'hramonie : Partie supérieure percée de deux "f".

Le manche : Reçoit la touche et les chevilles.

La touche : Pièce d'ébène qui reçoit les cordes et permet le jeu.

Chevalet : Surélève les cordes.

L'âme : Pièce en bois qui relie le fond et la table et donc transfert les vibration des cordes au fond. Elle est généralement placée à droite au niveau des encoches des ouïes<

 

 

 

 

Mesure de l'épaisseur de la table en haut. Violon brut      fini vue de face et de côté en bas. Photo © L'Internaute magazine / Julie Crédou
 

L'âme du violon : les vibrations

 

La pièce maitresse

Une des pièces maîtresses du violon est très largement méconnue. Il s'agit d'un petit cylindre de bois qui prend toute son importance quand on sait que c'est elle qui est en partie responsable de la résonnance du violon. En effet, le luthier connaît la physique des vibrations et il sait bien qu'il ne suffit pas de frotter les cordes du violon pour entendre sa sonorité. En réalité, les cordes frottées vont se mettre à vibrer. Ces vibrations vont être transférées à la table et vont amplement résonner car elles sont aussi transmises au fond par l'âme justement. Après cette explication, nous ne sommes guère étonnés par son nom.

 

 

 

 

 

L'âme et son positionnement sur le fond du violon. Photo © L'Internaute magazine / Julie Crédou
 

Chevalet servant

 

L'indispensable chevalet

Un retour sur une autre pièce majeure : le chevalet.

Pour que l'âme transmettre les vibrations des cordes de la table au fond du violon, il faut d'abord, bien entendu que la table reçoive elle-même ces vibrations. Or les cordes sont surélevées et ne touchent pas la table. Elles reposent sur le chevalet. C'est cette pièce qui va permettre le transfert des vibrations des cordes à la table.

 

 

 

 

Posé perpendiculairement sur la table, le chevalet est souvent réalisé dans un bois ancien très résistant, souvent de l'érable. Pourquoi un matériau de choix pour une si petite pièce ? Parce que le chevalet soulève et tend les cordes. Ce rôle exige une très haute résistance, car les cordes tendues lui imposent malgré tout quelques 13 kg de pression ! Les luthiers les reçoivent généralement préformés et achèvent de les sculpter

 

Chevalet vue de facet et vue de profil. Photo © L'Internaute magazine / Julie Crédou
 

 

 

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